« Les enfants étaient éphémères. »
Fiona McFarlane

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Romans traduits par Valérie Bourgeois

Gabriela GARCIA

De femmes et de sel
Les Presses de la Cité

4 | 302 pages | 17-10-2022 | 22€

Entre Miami, Cuba et le Salvador, Maria, Dolorès, Cécilia, Carmen, Jeanette, Ana portent sur leurs épaules le poids de l’histoire de leur pays et des Etats-Unis, le poids des hommes, le poids de l’exil, le poids de l’immigration, des expulsions… Il en faudra du courage pour ne pas abandonner, et un livre fait le lien entre elles, un exemplaire des Misérables avec une citation leitmotiv d’Hugo, « Nous sommes la force », qui les accompagnera en permanence et les aidera dans les moments les plus éprouvants. Il faudra en effet qu’elles arrivent à s’en convaincre au moment des tragédies qu’elles vont toutes vivre, à la fois entourées et seules. Cinq générations de femmes (entre la fin du XIX ème et les années 2000), plusieurs relations mère-fille, plusieurs exils, des épreuves, des non-dits, du courage, des vies pour prendre en main son destin et enfin réaliser que « Nous sommes plus que ce que nous pensons ».

Premier roman

« … Ne croyez pas les mères qui prétendent que la maternité est une vocation, ou un sacrifice, ou quelque chose de beau, ou tout ce qui figure sur les cartes de vœux. La maternité est un questionnement, une série sans fin d’interrogations commençant par et si ? … »

« Il n’y a pas de règles tangibles qui expliquent pourquoi certains naissent dans le chaos… Les dés sont jetés, puis nous venons au monde. »

Ecouter la lecture de la première page de "De femmes et de sel"

Fiche #2942
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Valérie Bourgeois


Emma DONOGHUE

Le pavillon des combattantes
Les Presses de la Cité

3 | 358 pages | 23-08-2021 | 21€

Julie Power est une jeune infirmière et la période est plus qu’éprouvante : 1918, Dublin et l’Irlande ravagés par la guerre qui tarde à s'achever, subissent une terrible épidémie, la grippe espagnole (qui tuera davantage que la première guerre). Julie travaille dans un pavillon qui accueille les femmes enceintes qui arrivent souvent malades et atteintes de la grippe. Julie assure le service avec dynamisme et humanité malgré les accouchements qui parfois se terminent mal pour le bébé ou la maman. Elle se pose beaucoup de questions, se sent souvent seule et aimerait être aidée, seule une jeune orpheline l’accompagne. Celle-ci se confiera et partagera son passé, enfance placée et maltraitée par les bonnes soeurs et autres curés. Trop rarement, le Dr Kathleen Lynn apportera son aide et son expertise mais membre du Sinn Féin, elle continue d'être recherchée par la police. Le frère de Julie, parti à la guerre presque avec le sourire, est revenu silencieux, incapable de parler. Comme souvent, un roman irlandais âpre et dense aux thèmes multiples : une pandémie terrible (tiens, tiens), le poids de la religion et de la politique sur la société, la maltraitance des religieux sur les femmes et les enfants, les scandales de l’église irlandaise, les ravages de la guerre 14-18, les accouchements dans ces conditions compliquées et la relation au corps, quelques lumières fugaces éclairent néanmoins le récit comme la relation entre Julia et Bridie.

« L’homme finit toujours par composer avec toutes les épidémies. Ou au moins par les contenir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le pavillon des combattantes"

Fiche #2746
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Valérie Bourgeois


Khaled HOSSEINI

Ainsi résonne l'écho infini des montagnes
Belfond

2 | 490 pages | 04-11-2013 | 22.5€

Enfin ! Le troisième roman de Khaled Hosseini est enfin disponible, grande impatience à le découvrir et une fois de plus, Khaled Hosseini nous enchante avec une fresque exceptionnelle et inoubliable. Le lecteur retrouve ses thèmes favoris, la famille, la condition de la femme, la séparation et l’Afghanistan avec peut-être cette fois, une ouverture au monde plus importante. Pourtant le livre s'ouvre sur un conte populaire typique évoquant un démon qui kidnappe les enfants dans les villages afghans. L’intrigue du roman y trouve évidemment des résonances en évoquant le destin d’une petite Afghane, Pari, et de toutes les personnes qu’elle croisera de 1950 à nos jours de Kaboul à Paris, en passant par la Grèce et la Californie. Son histoire commence par une rupture qu’elle n’oubliera jamais. Lorsqu’elle a à peine quatre ans, sa mère est déjà morte, son père sévère et pauvre ne s’occupe pas d’elle. Au contraire, son frère Abdullah, âgé de 10 ans, la protège et l'élève créant un lien fort et unique entre eux d'eux. Pourtant en partant pour Kaboul, son père décide d’abandonner la petite et de la confier à une riche famille. Abdullah n’oubliera jamais cette déchirure alors que Pari débute un long voyage émaillé de nombreuses rencontres et semble bien occupée par sa nouvelle vie… Khaled Hosseini sait parfaitement susciter puis entretenir une émotion sourde qui ne faiblit pas tout au long du roman aux personnages denses et profonds ; avec leurs faiblesses et leurs forces, ils se débattent avec simplicité et volonté uniquement pour vivre. Pourvu que l’on n'ait pas à attendre à nouveau six ans pour découvrir le prochain Hosseini !

Ecouter la lecture de la première page de "Ainsi résonne l'écho infini des montagnes"

Fiche #1376
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Valérie Bourgeois


Khaled HOSSEINI

Mille soleils splendides
Belfond

1 | 404 pages | 11-09-2007 | 21€

Après le remarquable « Les cerfs-volants de Kaboul », Khaled Hosseini nous convie à nouveau en Afghanistan où le destin de deux femmes nous permettra de (re)découvrir une société dominée par les hommes (« De même que l’aiguille d’une boussole indique le nord, un homme qui cherche un coupable montrera toujours une femme du doigt. Toujours. ») et écrasée par les conflits et la religion. Les quatre parties du livre présentent quatre tranches de vie de ces deux femmes de 1960 à nos jours. Mariam vit à la campagne seule avec sa mère. Elle adore son père et attend avec impatience ses visites trop courtes. Il la mariera pourtant de force à un homme de trente ans son aîné habitant Kaboul. Elle subira alors quotidiennement la violence de cet homme surtout qu’elle ne pourra lui assurer une descendance (masculine). Laila est une enfant de Kaboul, protégée par son père, homme de savoir, ouvert et progressiste (« …Je sais que tu es encore jeune, disait-il, mais je veux que tu comprennes une chose dès maintenant : le mariage peut attendre. Pas l’éducation. Tu es une fille très, très intelligente. Vraiment. Tu pourras faire ce que tu veux plus tard, Laila. Je le sais. Et je sais aussi que lorsque cette guerre sera terminée, l’Afghanistan aura besoin de toi autant que de ses hommes, et peut-être même davantage. Parce qu’une société n’a aucune chance de prospérer si ces femmes ne sont pas instruites, Laila. Aucune chance. ». Sa famille disparue, elle rejoindra le foyer de Mariam pour en devenir la seconde femme. Mariam verra en elle dans un premier temps une rivale mais peu à peu, une complicité indéfectible unira ces deux femmes jusqu’au sacrifice ultime de l’une d’elles. Deux portraits émouvants de femmes auxquelles le lecteur s’attache progressivement complété par un regard objectif et franc de la réalité afghane (« Elle est sidérée de voir combien le destin de chaque Afghan est marqué par la mort, le deuil et la douleur. Et pourtant, force lui est de constater que les gens réussissent à survivre ») qui rend ce roman essentiel et passionnant.

Fiche #301
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Valérie Bourgeois